Je vous ai déjà parlé de mes réserves vis-à-vis des tablatures dans l’apprentissage de la guitare. Aujourd’hui j’aimerais parler d’un autre problème avec ces dernières, dans le cas plus spécifique de la reprise d’un morceau au format guitare et chant.
Il est naturel pour beaucoup d’apprendre un morceau avec la tablature et le disque, et de le répéter de cette manière. Pour la partie guitare, cela fonctionne bien, même si cela peut déboucher sur de mauvaises habitudes. Au chant, en revanche, c’est une très mauvaise idée.
En effet, comme nous l’avons déjà vu, chaque chanson est enregistrée dans une certaine tonalité afin d’accomoder au mieux la voix du chanteur ou de l’instrument mélodique principal.
Or, quand vous jouez un morceau dans la tonalité d’origine, vous avez donc de grandes chances de ne pas être dans la zone optimale de votre propre voix. Il se peut que le résultat soit correct, mauvais, ou même excellent – si vous avez la chance d’avoir une voix très proche du chanteur qui vous plaît. Mais c’est du hasard et tôt ou tard vous serez perdant.
La méthode pérenne à suivre est la suivante :
- connaître sa voix
- apprendre le morceau dans une tonalité de référence
- trouver la bonne tonalité
- transposer
- apprendre le morceau définitif
1. Connaître sa voix
Je passe rapidement sur ce point car je ne suis pas professeur de chant. C’est vraiment une question vaste et je recommande de se faire aider, c’est-à-dire de prendre des cours.
Ce que je sais, en revanche, est qu’à partir d’un certain niveau, tous les chanteurs savent dans quelle tonalité ils souhaitent jouer les morceaux de leur répértoire.
Soit car ils ont étudié les morceaux en question, et inclus ce point dans leur étude. Soit car ils sont tellement expérimentés qu’ils arrivent à trouver la bonne tonalité en quelques secondes juste avant de jouer. C’est le cas par exemple des joueurs de piano bar, qui jouent les morceaux que le public demande durant le concert, dont certains que le musicien n’a pas répétés récemment.
2. Apprendre le morceau dans une tonalité de référence
Je passe rapidement sur ce point aussi, nous avons déjà parlé des avantages qu’il y a à travailler tout son répertoire dans une tonalité de référence, repérer immédiatement les motifs récurrents, par exemple.
3. Trouver la bonne tonalité
Dans mon propre exemple je sais que la note la plus haute que je peux chanter est un Mi, et que ma voix gagne vraiment à être poussée. Par conséquent je recherche la note la plus haute de la mélodie, et vois de combien il faut la transposer, vers le haut ou vers le bas, pour qu’elle soit proche de ce Mi.
J’ai souvent plusieurs possibilités : faire tomber la note la plus haute de la mélodie sur un Mi bémol ou un Ré, par exemple, ce qui ne change pas grand chose d’un point de vue vocal. Je tranche alors grâce à d’autres facteurs, comme par exemple ce qui est le plus confortable à jouer à la guitare.
4. Transposer
Transposer une mélodie chantée est généralement simple. Parfois la mélodie est compliquée et la transposition nous fait nous rendre compte que certains passages n’étaient pas entièrement clairs. C’est une excellente chose et il faut insister jusqu’à ce que l’assimilation soit parfaite.
Transposer à la guitare, en revanche, est un travail de longue haleine. C’est pour cela que généralement je m’oriente à l’étape précédente vers une tonalité que je connais déjà, afin de pouvoir directement avoir certains accords dans les doigts.
5. Apprendre le morceau définitif
Une fois ce travail théorique réalisé, commence la répétition du morceau transposé. Et là, malgré tout le travail fait en amont, ça peut être long. Il s’agit d’être patient et de se faire confiance.
Conclusion
Cette méthode représente un travail énorme, j’en suis bien conscient. Cela dit, plus on le fait, plus cela devient rapide. Ce sont surtout les premiers morceaux qui sont difficiles, le temps que tous les automatismes se mettent en place. Pour faire des reprises excellentes systématiquement, il n’y a toutefois pas de raccourci !